Le choix du tout
sécuritaire au quotidien
Après la confirmation lors de la
réunion publique du 10 mai dernier, de l’installation fin juin de 23 caméras de
vidéosurveillance sur 12 bâtiments publics de la commune (lesquels ? on ne
sait pas…), place au dispositif
« Voisins Vigilants » pour lutter nous dit-on, contre les
cambriolages, les démarchages abusifs et les escroqueries… Faut-il en déduire
que malgré le bilan positif de l’opération tranquillité vacances instaurée par
les services de police, justement pour lutter contre les mêmes méfaits, cela ne
suffit pas à Mme le Maire qui veut avant tout, tenir sa promesse électorale
quitte à faire de la surenchère sécuritaire en amplifiant les faits divers ?
Il faut savoir que « Voisins
Vigilants » vient du concept américain de « Neighborhood Watch »
né dans le New York hautement corrompu et criminogène des années 1960, qui
traçait le cadre réglementaire d’une participation citoyenne censée développer
un comportement de nature à mettre en échec la délinquance… dispositif qui a
connu de graves dérives même avec des personnes bien intentionnées au départ.
Il a notamment donné naissance à des milices où les « Zorros » et les
va-t-en-guerre dont certains issus de groupes d’extrême droite, ont fait régner
leur loi dans les quartiers. Au final, le remède s’est révélé bien pire que le
mal…
S’il ne s’agit pas de rester les
bras croisés face aux actes de délinquance et qu’il est nécessaire de punir les
auteurs de ces méfaits, faut-il pour autant choisir la répression comme unique solution ?
A Portes-lès-Valence, sommes-nous seulement informés des chiffres de la
délinquance sur la commune ? Non, Mme le Maire déclare avoir
l’interdiction de les donner. Pourtant cette information nous serait bien utile
face aux déclarations alarmantes de l’édile dans son dernier éditorial. On peut
penser qu’en utilisant la pédagogie de la peur, le but non avoué est d’ancrer
chez les citoyens un sentiment d’insécurité permanent et donc le besoin de se
protéger de tout et surtout … des autres. Ce qui permet de justifier ensuite la
mise en place du dispositif « Voisins Vigilants » en même temps que
l’installation de caméras afin de se protéger du louche, du suspect, de
l’inconnu, de l’étranger. Inquiétant de s’installer dans la stigmatisation qui
incite à la délation.
Plus dangereux encore est de
présenter ce dispositif comme solidaire, citoyen, participatif, créant de l’entraide.
La solidarité qui dans ces principes, est universelle et inclusive devient
communautaire et exclusive. Elle est instrumentalisée et contrainte.
Quant au lien social supposé, il
est vidé de son contenu alors qu’il est un outil incontournable pour lutter
contre les problèmes de violence et d’incivilités. Ce lien social est au cœur
de la prévention spécialisée à qui Mme Girard et ses amis du Conseil Général
ont coupé les vivres. Choix de se priver
des interventions sociales et éducatives en mettant à la porte les éducateurs
de rue. Choix de laisser les quartiers à l’abandon alors que le travail collectif
de proximité avec les familles, les jeunes est reconnu et porte ses fruits. Miser
uniquement sur la répression en abandonnant la prévention, son développement
dans des partenariats porteurs d’utilité sociale, n’est-ce pas une grave
erreur ? N’est-il pas urgent de renforcer les liens en milieu scolaire
pour lutter contre l’échec scolaire, et ceux avec les structures qui favorisent
l’éducation, la santé, les loisirs, les parcours de citoyenneté ? N’est-il
pas urgent de donner priorité à l’emploi et au logement qui sont les deux
causes majeures de difficultés sociales et de désœuvrement des jeunes
adultes ?
Croyez-vous qu’un œil grand ouvert sur fond jaune disposé à des
endroits stratégiques dans les quartiers répondra efficacement et humainement à
ces problématiques ?
MJBT
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